Bretagne Vivante, programmes Life : sterne de Dougall

Actualité

31 mars 2017

Recueil d'expériences

Qu'avons nous fait ces six dernières années ? Consultez notre Recueil d'expériences du programme LIFE...

23 janvier 2017

Rapport final 2016

Le rapport final est en ligne avec ses produits livrables et ses annexes !

30 juin 2016

6e Lettre d'information

La sixième lettre d'information est en ligne ! Venez la découvrir !

21 mars 2016

Les mulettes du Sarthon à la loupe !

Des prélèvements ont été réalisés sur certaines mulettes du Sarthon...

07 janvier 2013

Reportage sur Pêche TV

Un reportage sur le LIFE mulette est disponible sur Pêche TV !




Plan du site | Impression | Mise à jour : 17/05/2023

Le bilan du LIFE Dougall 2005-2010

Rappel du contexte

 

Depuis les années 1970, les effectifs européens de sterne de Dougall ont chuté de plus de 50 %, entraînant le classement de l’espèce comme « en danger » avec un effectif nicheur inférieur à 2 000 couples. De ce fait, elle figure à l’annexe I de la directive européenne « Oiseaux » et fait l’objet d’un plan d’action international, dont la dernière version date de 2002. Aujourd’hui, la sterne de Dougall est considérée en Europe comme une espèce « rare », avec à peine plus de 2 300 couples en 2010, dont une cinquantaine en France, où elle est estimée en « danger critique d’extinction ». 100 % des effectifs de France métropolitaine se reproduisent en Bretagne. Face au déclin de l’espèce, Bretagne Vivante, en partenariat avec le Conseil général des Côtes d’Armor, les Phares et balises de Concarneau et la Diren Bretagne (actuelle Dreal), a proposé un programme LIFE Nature de 5 ans (2005-2010) pour un budget de 1 436 119 €, financé à 75 % par la Communauté européenne.

Fréquentation à l'île aux Moutons en juin 2010. Photo de Brigitte Carnot

Les menaces qui pèsent sur les sternes de Dougall bretonnes sont principalement le dérangement humain, la prédation par les rats, le renard roux, le vison d’Amérique et le faucon pèlerin, la prédation et la compétition avec les goélands, et l’inadéquation du couvert végétal. De plus, la population est fragilisée par la concentration de l'essentiel des effectifs sur un site depuis plusieurs années, l'île aux Dames en baie de Morlaix, ce qui rend l’espèce extrêmement vulnérable à un événement accidentel.

Les objectifs

 

Les objectifs du programme LIFE Dougall étaient de maintenir les colonies existantes, d’augmenter leurs effectifs, de favoriser le retour de l’espèce sur trois autres sites en Bretagne et de pérenniser les moyens de conservation mis en œuvre grâce au LIFE.

 

 

La mise en oeuvre

 

Cinq sites bretons en zone Natura 2000 ont été choisis pour mettre en place des mesures de conservation pour la sterne de Dougall : l’îlot de la Colombière en baie de Lancieux/l'Arguenon (22) qui reçoit régulièrement la visite de l’espèce, l’île aux Dames en baie de Morlaix (29), l’île aux Moutons proche des Glénan (29), qui est la deuxième plus importante colonie de sternes de Bretagne mais qui n’accueille que rarement des sternes de Dougall, les îlots de Trevoc’h (29) et l’îlot du Petit Veizit (56) sur lesquels aucune sterne ne niche actuellement.

Laura Glenister, technicienne à Rockabill en Irlande, venue nous aider bénévolement en mars 2010. Ici elle repeint les numéros des nichoirs en pierre de l'île aux Dames. Photo d'Hervé Ronné

Sur les deux premiers sites, la priorité était de sécuriser les colonies pour éviter le dérangement (gardiennage et signalisation) et d’éliminer les prédateurs tels que les rats, les goélands argentés, les visons d’Amérique et les renards roux. Sur les trois autres îlots, les mesures visaient à attirer les sternes pierregarin et caugek, puis les sternes de Dougall, par la mise en place de nichoirs, de leurres et la diffusion de cris de sternes.

En 2008, la station solaire installée par les Phares et Balises de Concarneau à l'île aux Moutons en remplacement de l'éolienne que l'on voit couchée à gauche. Photo de Marie Capoulade
Sur tous les îlots, un plan de gestion a été rédigé grâce à des études de la fréquentation, de la végétation, des populations d’invertébrés et de reptiles. Une zone de végétation a été maintenue rase pour s'accorder avec les exigences des autres sternes dont la présence est un préalable indispensable à l’installation de la sterne de Dougall. Sur l’île aux Moutons, l’éolienne alimentant le phare en électricité, dangereuse pour les sternes, a été remplacée par une station solaire.
: Le bateau de la réserve ornithologique des îlots de la baie de Morlaix. Photo de Jean-Paul Rivière
Tous ces îlots étaient surveillés quotidiennement par des écovolontaires patrouillant en bateau et des gardes-animateurs qui coordonnaient la surveillance, les suivis et les animations.
Tom Florent et Antoine Hauselmann, écovolontaires en 2008, et Yann Jacob, garde de la réserve des  îlots de la baie de Morlaix. Photo de Marie Capoulade
Kayakistes lors d'une sortie en baie de Morlaix
Autour des activités de terrain, de multiples actions de communication ont permis de mieux faire connaître la sterne de Dougall auprès du grand public : sorties sur l’estran ou en kayak, observation de la colonie, conférences-débats autour du film sur la sterne de Dougall tourné dans le cadre du LIFE et publication d’articles dans la presse. Un animateur commentait des images de la colonie de l’île aux Dames projetées en direct et sur Internet grâce à une caméra de surveillance installée à l'île aux Dames. Des sorties sur le terrain ont été organisées avec les élus, de façon à les impliquer dans le projet. Divers documents de sensibilisation, comme une lettre d’information annuelle « Skravik Dougall », un dépliant et une plaquette plastifiée d’identification des oiseaux marins ont été distribués aux plagistes, aux pêcheurs à pied, aux plaisanciers et aux kayakistes.
Bernard Cadiou pesant un poussin de sterne de Dougall lors d'une séance de baguage à l'île aux Dames en 2009. Photo d'Hervé Ronné
D’autre part, des actions visant à acquérir et partager des connaissances scientifiques ont été menées. Des campagnes de baguage des sternes de Dougall ont été organisées dans le but de mieux comprendre les échanges entre l’île aux Dames et les autres colonies européennes.
Sternes caugek et de Dougall en migration dans la baie de Lancieux/l'Arguenon en août 2010. Photo d'Élouan Meyniel
Une base de données permettant de regrouper les informations de gestion sur les colonies de sternes depuis les années 1960 a été créée. Les passages migratoires de sterne de Dougall ont été suivis dans le golfe du Morbihan et la baie de Lancieux/l'Arguenon.
Sortie en baie de Morlaix lors du séminaire sur la sterne de Dougall organisé à Brest à l'automne 2009. Photo de Gaëlle Quemmerais-Amice

L’Observatoire des sternes, mis en place en 1989, a également été poursuivi grâce au programme et s’intègre désormais dans l’Observatoire régional des oiseaux marins de Bretagne (OROM). Il a permis de mutualiser les données et d’élaborer une stratégie en faveur des quatre espèces de sternes bretonnes. L’équipe du LIFE a participé activement au réseau des gestionnaires nationaux et internationaux de colonies de sternes grâce à l’organisation d’un séminaire fin 2009, l'édition de ses actes et d'un recueil d'expériences, grâce à sa participation à d’autres colloques dans le cadre du programme, à la mise en place d'un groupe de discussion « sternes » et du site internet du LIFE.

Les résultats

 

Après cinq années de travail, il est apparu que les problèmes majeurs étaient liés à la prédation par le vison d’Amérique, le renard roux et le faucon pèlerin. Malgré l’implication sur le terrain, il s’est avéré impossible d’inverser la tendance à la décroissance de la population française de sterne de Dougall. En 2006, le faucon pèlerin a provoqué l’échec de la reproduction des sternes sur l’île aux Dames. Cependant, une vingtaine de couples de sterne de Dougall a pu trouver refuge sur l’île de la Colombière, qui a joué le rôle escompté. En 2008, le vison d’Amérique a éliminé un tiers des reproducteurs sur l’île aux Dames, malgré le piégeage. Face à cette menace majeure, la colonie a été mise en défens par un grillage. En 2009 et 2010, aucun vison n’a pu franchir cette clôture et la colonie a pu se reproduire normalement.

 

La colonie de sternes de l'île aux Dames en juin 2009, après l'installation de la clôture étanche au vison d'Amérique. Photo d'Hervé Ronné
Un faucon pèlerin en train de dépecer une sterne à l'île aux Dames en 2010. Photo prise avec la caméra de l'île aux Dames installée par la société IRVI.

En ce qui concerne le renard roux à la Colombière, un certain nombre de techniques ont été expérimentées depuis 2008, avec l’aide de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (tir de nuit) et du Conseil général des Côtes-d’Armor (piégeage), sans grand succès. Cependant, le cordon de galets qui permet aux renards d’accéder à la Colombière lors des grandes marées est surveillé de nuit depuis 2008, ce qui semble efficace.

 

En 2010, les dérangements majeurs sur les colonies de l’île aux Dames et de la Colombière ont été provoqués par le faucon pèlerin, soit une cinquantaine d’attaques sur l’île aux Dames de mai à fin juillet et de nombreuses attaques en juillet à la Colombière. Les naturalistes bretons ont longtemps attendu son retour, il n’est donc pas question pour Bretagne Vivante de limiter ce prédateur naturel des colonies d’oiseaux marins. Afin de respecter l’intégrité physique et l’activité de prédation du faucon pèlerin tout en permettant un retour rapide des sternes sur le site, il a été proposé d’effaroucher le prédateur lorsqu’il était présent sur la colonie.

Une sterne de Dougall et son poussin nichant au milieu des sternes caugek à l'île aux Moutons en 2010. Photo de Matthieu Canevet
Si aucune sterne ne s’est réinstallée à Trevoc’h ou au Petit Veizit pendant le programme LIFE, en revanche l’île aux Moutons a accueilli en 2010 son premier couple de sterne de Dougall depuis 1996.
Conclusion

 

Les élus et les partenaires locaux ont compris les enjeux pour la survie de la sterne de Dougall en France et ont pu s’approprier le programme LIFE. Il s'agit aujourd'hui de les intégrer à une nouvelle démarche qui devrait faire suite au LIFE Dougall d'ici quelques années : le lancement d'un Plan national d'action pour les sternes littorales françaises, outre-mer inclus, qui permettrait de valoriser sur d'autres îlots l'expérience de gestion des sites à sternes acquise dans le cadre du LIFE et de pérenniser la protection des sternes maritimes et de la sterne de Dougall en particulier.

 

Sternes de Dougall à l'île aux Dames en 2007. Photo de Yannick Chérel

 

Si vous désirez en savoir plus sur les suites à donner au LIFE Dougall, vous pouvez lire le Plan de conservation après-LIFE.